Lointaines balancelles, publié dans Variétés aux Éditions des Bords du Lot, 2013

Doux mouvement utérin
Que ce va-et-vient enfantin,

Lointaines balancelles,
Que ne puis-je vous mettre en selle
Pour raviver en moi la flamme feue
De ces souvenirs heureux.

Mon regard embué de mélancolie,
Mon cœur chagriné de vous voir ainsi
-Vides de joies, de mois puérils-,
Balancelles juvéniles,
Quelle tristesse, quel malheur
De ne pouvoir vous faire honneur.

Mes yeux apaisés, car oui, j’ai pleuré,
Avisent au loin deux silhouettes familières.
Une fillette serrant sa mère de sa main potelée,
Et soudain, chères balancelles, mon âme s’éclaire.

Me voilà redevenue enfant, l’espace d’un instant.
Chevauchant les airs et la tête en arrière,
Croisant les nuages et mon camarade aux éclats riant,
Douces balancelles, voici que mon corps plane au-dessus de la terre.

Anne-Sophie Duca, translation done for Pauline Lisowski, Contemporary Art Curator

All in delicacy, Anne-Sophie Duca conjures up landscapes. Her drawings, similar to openings, capture the horizon of the countryside surrounding the town of Le Plessix-Madeuc (Brittany).

Through these views, the moment is being printed on the sensitive surface of the sheet. She produces her drawings in parallel and moves from one to another following her quest of the moment, being one with her work, which is being completed. Step by step, she embroiders her memories thanks to black dots of various intensities. She ventures into the image through a calligraphic writing by tracing what is left in her mind. A profound energy frees her graphic signs. These endless threads convey her perception of a crossing, of sensations and of the wind. Areas of oblivion are left, they emphasize the minuscule moment which was first perceived and then preserved. Through this wake, our gaze is invited to take a walk and to draw its own path. The landscape is thus opening a vast field of perception: where the gaze is fleeing, nature puts a mark on the walker’s body. This opening to the world proper to the stroller is conveyed by the artist thanks to the sparkle of the nature’s details captured live. If the landscap’s flesh merges with the body’s, her gesture reveals here the movements of nature.

As the creative process continues, the thread sometimes draws a fog which may betray the displacement of a cloud in the sky. Everything is at stake when the process of the landscape’s appearance stops thus leaving room for the viewer’s imagination.

Source text written by Pauline Lisowski, art critic and curator. Click here to read it !

Texte original écrit par Pauline Lisowski, critique d’art et commissaire d’exposition. Retrouvez-le ici !

Quand Saint-Pierre accueille Un bruit étrange et beau de Zep

À l’occasion du festival de la bande dessinée d’Angoulême, le nouvel ouvrage de Zep est mis à l’honneur au sein de la Cathédrale Saint-Pierre.

Des planches d’Un bruit étrange et beau sont exposées au cœur de la nef. Avec cette nouvelle œuvre, l’auteur de Titeuf continue d’explorer de nouveaux territoires pour des lecteurs plus matures.

Au fil de leur déambulation, les visiteurs découvrent des dessins aux tons très doux évoquant la contemplation et le recueillement à travers le personnage de William. Moine chartreux reclus depuis vingt-cinq ans, celui-ci est forcé de revenir au monde, qui plus est à Paris, suite au décès de sa tante.

Les montagnes entourant son monastère laissent ainsi place à l’agitation urbaine de la capitale. Les récitatifs, ou petits encadrés accompagnant l’illustration d’une case, nous permettent d’écouter la voix intérieure de ce « fantôme », un être disparu revenu parmi les vivants, tel qu’il se décrit lui-même. Ce procédé de narration, le choix d’une variété de monochromies ainsi que l’absence de texte dans de nombreuses vignettes renforcent l’impression d’un silence prégnant. Un silence exhausteur de sens.

Qu’il s’agisse de sentir le vent, de voir l’orage arriver en haut des cimes ou bien d’expérimenter des synesthésies comme « goûter les odeurs » de la ville, le lecteur est amené à regarder son environnement autrement, à se poser des questions sur le sens profond de l’existence. Tout comme l’intervention du monde extérieur interfère également dans la vie de William. Il renoue avec son passé et fait la rencontre d’une femme condamnée à mourir et cependant déterminée à profiter de ses derniers instants. C’est ainsi que des dialogues se nouent et le conduisent à s’interroger sur ses décisions passées et ses convictions.

La poésie et la sensibilité émanant de l’ensemble permettent une pause salutaire dans notre société où tout va trop vite.

Hanging gardens, Kris Ruhs

For his first exhibition in France, Kris Ruhs presents a stupendous artwork through which the visitor is invited to walk, on the premises of Azzedine Alaïa’s gallery.

Surrounded by giant blossoming “trees” made of porcelain and brass, the visitor is caught by this magical universe. The branches seem to float in the air, coming in straight lines from the ceiling, and gathered into three curved islets. This arrangement creates a loss of bearings in the visitor’s mind and body. The stiffness and the material used enhance this impression of a timeless space.

The natural world which would normally revolve around a life cycle coming from the ground is here represented as a perennial one coming from above. The contrast between the rigidity and the frailty of this maze may also be inviting us to reflect on the human impact on nature.

While the white and golden tones suggest a peaceful conservatory, a different space awaits the visitor at the end of the gallery. A snowy forest of what seems to be leafless trees seen from afar turns out to be filled with totems or lucky charms.

To enjoy this enchanting garden, waste no time since there is just one day left to discover this dazzling environmental installation.

PS:  I wrote this text for the blog held by Pauline Lisowski, contemporary art critic and curator.  Please note the above text is not a translation, just my view to complete hers on the exhibit.

J’ai rédigé cet article pour le Corridor de l’Art, blog tenu par Pauline Lisowski, commissaire et critique d’exposition d’art contemporain. Cet article vient en complément du sien et n’en constitue pas une traduction.

Stool series, Matthew Darbyshire

Matthew Darbyshire présente au Collège des Bernardins une œuvre associant deux tabourets préexistants dans une vitrine à deux étages. L’un a été conçu par Philip Starck pour la marque Kartell. L’autre est un siège traditionnel Luba, un peuple d’Afrique Centrale. En les assemblant dans ce qui pourrait s’apparenter à un ready-made, Darbyshire nous invite à étudier les modes de consommation actuels.

Un nain manufacturé semble à la fois refléter et contraster la statuette africaine qui le surmonte. Le parallélisme établi par la posture et la couleur des silhouettes suggère des points de référence communs aux civilisations occidentales et africaines qui sont toutefois quelque peu pervertis par les côtés kitsch et manufacturé du tabouret de Starck.

Cette figure du gnome, censée veiller sur les trésors de la terre, paraît s’opposer au nom que lui a donné Starck: «Attila». Originellement, ce tabouret faisait partie d’un ensemble composé d’une table sous forme de tronc et d’un autre nain baptisé «Napoléon».

Ainsi, loin de veiller sur les richesses naturelles, ces nains s’en emparent tels des empereurs voulant régner sur le monde. On peut donc voir à travers cette image une référence à l’influence croissante du consumérisme.

En superposant un tabouret traditionnel en bois à cette effigie en plastique de notre société de consommation, Darbyshire, derrière l’aspect comique de l’œuvre, engage une réflexion plus profonde autour de notre vie contemporaine. L’objet de consommation, censé être porteur de confort, devient alors un vecteur d’insatisfaction et une source de malaise.

Note : cet article a initialement été rédigé pour le Collège des Bernardins à l’occasion de l’exposition Des hommes, des mondes s’étant déroulée de mars à juin 2014.

Men and Worlds (kakemono)

Collective exhibition from March 2014, the 7th to June 2014, the 12th

The encounters between other people living in other contexts are the source of a perpetual acculturation during which languages, behaviors, signs and shapes are continuously changing, sometimes by choice but often acted on coercion. Humankind thus becomes a machine for similarities and differences, attraction and destabilization, a universe of shapes and meanings in which each one tries to find his/her place.

Men and Worlds takes into account the human nomadic life and stages an exhibition in motion, which echoes the sounds, shapes and the diversity of the globe.

Gathering the artworks of seventeen international contemporary artists, among which a number of them have been produced especially for the exhibition, Men and Worlds offers itself as an aesthetic viaticum, a little supply of forms and contents, to face the great travel that globalization represents.

The exhibited artists are part of those who never stop but who play with this insatiable dynamic of things in order to better define themselves. Beyond concepts or great assertions, they take a subjective and personal look at the world, not to define but to grasp what and who constitute our universe in order to offer local and particular answers to the threats of global standardization.

Luggage or transient artworks, the exhibited creations show the multiplicity of identities and the translation from a certain “creolization” of the world into visual arts. They do not wish to belong to a hegemonic and binary model, they advocate for what Edouard Glissant termed “mondialité” or “worldliness” which allows them to explore the productive fields of humanity by making poetical artworks built out of mixed, fragmented and fragmentary aesthetics.

Exhibited Artists:

In production for the Collège des Bernardins:

Sylvie Fanchon, Djamel Kokene, Ingrid Luche, Chloé Quenum, Achraf Touloub, Stéphane Vigny, Jacques Villéglé

And also :

Nirveda Alleck, Rina Banerjee, Romain Bernini, Matthew Darbyshire , Basir Mahmood, Bruno Perramant, Franck Scurti, Pascale Marthine Tayou, Patrick Tosani, Jacques Villéglé, Chen Zhen.

Exhibition shown in the course of « Questions d’Artistes », a program of contemporary Art

Love

Lovée au creux du plus doux des couffins
Louer ciel et mer au plus loin des confins de la terre
Litanie resplendissante de mes soucieux desseins

Opuscule minuscule de l’amour érudit
Opercule ridicule d’un corps en sursis
Oscule peureux exhalant nos folles vies

Vies boisées d’amants intermittents
Vols d’oiseaux migrateurs de mon cœur au tien
Vers d’indéfinissables rivages, ou d’éventuels mirages

Eternelle connection de nos âmes, ou simple lien passager,
Evidence de nos pas assemblés, et pourtant le doute s’immisce.
Et si jamais, et si jamais.