BIOTANICA

Traduction Utopia Botanica

Effectuée pour Pauline Lisowski, commissaire de l’exposition Utopia Botanica s’étant tenue du 5/07/2018 au 22/09/2018 à la Galerie Laure Roynette, 75003, Paris.

Pauline Lisowski est également critique d’art. Elle écrit pour de multiples revues en ligne et artistes contemporains. Retrouvez-la sur son blog !

Et cliquez ici pour être redirigée vers la Galerie Laure Roynette !

 

Sentimental procedures, Craig Stewart’s new exhibition : drawings, traces of time

Craig Stewart developed a system of notations, signs, lines which all stand for time symbols. Meticulously, he takes the time of remembering through drawing. His artworks are accurate and delicate, reflecting the focus and meditation of a long moment spent strolling on paper.

At the Graphem Gallery, in the course of his exhibition Sentimental procedures, he presents different sizes of drawings in which various forms, landscapes, architectures and phenomena appear.

Step by step, his lines, at more or less spaced intervals, breed spaces of projection, places of memory, and lived moments. Our gaze is invited to wander around, to be carried away by the opening paths.

A large drawing (100 x 70 cm) shows, from a certain distance, a church’s plan and the feeling of a mountain scenery… Close-up, we renew our reading of his graphic sign, like footprints resulting from a journey.

Other small drawings also convey movements, circulations, working as crossings… Craig Stewart lets his lines come as his thoughts, his memories rise up. His drawings are reminiscent of visions or picture apparitions. We dive into it with pleasure…

The Hours series reveals even more his attention to record the time flying by. On ancient postcards, an abstract form comprises tens of lined-up strokes, marks of a everyday temporality. The 24 drawings echo the 24 hours of a day.

On the pane, hundreds of strokes expose a rectangular shape. This geometrical form and a same sized cut-out frame answer each other. Again, the space drawn conveys past time and a presence…

Craig Stewart’s drawings present an infinity of images, of movements to follow… They provide both gidding sensations and offer new ways of experiencing again lived moments and places engraving in memory.

An exhibition to be discovered urgently, until May 27 at the Graphem Gallery.

Find the source text here ! This was a translation done for the art critic and curator Pauline Lisowski.

Traduction effectuée pour la commissaire d’exposition Pauline Lisowski

Retrouvez Pauline Lisowski sur son blog et cliquez ici pour être redirigé vers le site de la Galerie Graphem.

Quand Saint-Pierre accueille Un bruit étrange et beau de Zep

À l’occasion du festival de la bande dessinée d’Angoulême, le nouvel ouvrage de Zep est mis à l’honneur au sein de la Cathédrale Saint-Pierre.

Des planches d’Un bruit étrange et beau sont exposées au cœur de la nef. Avec cette nouvelle œuvre, l’auteur de Titeuf continue d’explorer de nouveaux territoires pour des lecteurs plus matures.

Au fil de leur déambulation, les visiteurs découvrent des dessins aux tons très doux évoquant la contemplation et le recueillement à travers le personnage de William. Moine chartreux reclus depuis vingt-cinq ans, celui-ci est forcé de revenir au monde, qui plus est à Paris, suite au décès de sa tante.

Les montagnes entourant son monastère laissent ainsi place à l’agitation urbaine de la capitale. Les récitatifs, ou petits encadrés accompagnant l’illustration d’une case, nous permettent d’écouter la voix intérieure de ce « fantôme », un être disparu revenu parmi les vivants, tel qu’il se décrit lui-même. Ce procédé de narration, le choix d’une variété de monochromies ainsi que l’absence de texte dans de nombreuses vignettes renforcent l’impression d’un silence prégnant. Un silence exhausteur de sens.

Qu’il s’agisse de sentir le vent, de voir l’orage arriver en haut des cimes ou bien d’expérimenter des synesthésies comme « goûter les odeurs » de la ville, le lecteur est amené à regarder son environnement autrement, à se poser des questions sur le sens profond de l’existence. Tout comme l’intervention du monde extérieur interfère également dans la vie de William. Il renoue avec son passé et fait la rencontre d’une femme condamnée à mourir et cependant déterminée à profiter de ses derniers instants. C’est ainsi que des dialogues se nouent et le conduisent à s’interroger sur ses décisions passées et ses convictions.

La poésie et la sensibilité émanant de l’ensemble permettent une pause salutaire dans notre société où tout va trop vite.

Hanging gardens, Kris Ruhs

For his first exhibition in France, Kris Ruhs presents a stupendous artwork through which the visitor is invited to walk, on the premises of Azzedine Alaïa’s gallery.

Surrounded by giant blossoming “trees” made of porcelain and brass, the visitor is caught by this magical universe. The branches seem to float in the air, coming in straight lines from the ceiling, and gathered into three curved islets. This arrangement creates a loss of bearings in the visitor’s mind and body. The stiffness and the material used enhance this impression of a timeless space.

The natural world which would normally revolve around a life cycle coming from the ground is here represented as a perennial one coming from above. The contrast between the rigidity and the frailty of this maze may also be inviting us to reflect on the human impact on nature.

While the white and golden tones suggest a peaceful conservatory, a different space awaits the visitor at the end of the gallery. A snowy forest of what seems to be leafless trees seen from afar turns out to be filled with totems or lucky charms.

To enjoy this enchanting garden, waste no time since there is just one day left to discover this dazzling environmental installation.

PS:  I wrote this text for the blog held by Pauline Lisowski, contemporary art critic and curator.  Please note the above text is not a translation, just my view to complete hers on the exhibit.

J’ai rédigé cet article pour le Corridor de l’Art, blog tenu par Pauline Lisowski, commissaire et critique d’exposition d’art contemporain. Cet article vient en complément du sien et n’en constitue pas une traduction.

Stool series, Matthew Darbyshire

Matthew Darbyshire présente au Collège des Bernardins une œuvre associant deux tabourets préexistants dans une vitrine à deux étages. L’un a été conçu par Philip Starck pour la marque Kartell. L’autre est un siège traditionnel Luba, un peuple d’Afrique Centrale. En les assemblant dans ce qui pourrait s’apparenter à un ready-made, Darbyshire nous invite à étudier les modes de consommation actuels.

Un nain manufacturé semble à la fois refléter et contraster la statuette africaine qui le surmonte. Le parallélisme établi par la posture et la couleur des silhouettes suggère des points de référence communs aux civilisations occidentales et africaines qui sont toutefois quelque peu pervertis par les côtés kitsch et manufacturé du tabouret de Starck.

Cette figure du gnome, censée veiller sur les trésors de la terre, paraît s’opposer au nom que lui a donné Starck: «Attila». Originellement, ce tabouret faisait partie d’un ensemble composé d’une table sous forme de tronc et d’un autre nain baptisé «Napoléon».

Ainsi, loin de veiller sur les richesses naturelles, ces nains s’en emparent tels des empereurs voulant régner sur le monde. On peut donc voir à travers cette image une référence à l’influence croissante du consumérisme.

En superposant un tabouret traditionnel en bois à cette effigie en plastique de notre société de consommation, Darbyshire, derrière l’aspect comique de l’œuvre, engage une réflexion plus profonde autour de notre vie contemporaine. L’objet de consommation, censé être porteur de confort, devient alors un vecteur d’insatisfaction et une source de malaise.

Note : cet article a initialement été rédigé pour le Collège des Bernardins à l’occasion de l’exposition Des hommes, des mondes s’étant déroulée de mars à juin 2014.